Censure

Poursuites judiciaires / Sékou Koundouno: ‘‘Si vous prenez le cas de Hadja Halimatou Dalein Diallo’’

Sékou Koundouno, administrateur général de la Cellule Balai Citoyen (CBC), a accordé un entretien à notre rédaction, ce mercredi 14 novembre, à son bureau de Coléah (commune de Matam). Au cours de cette interview, cet activiste de la société civile guinéenne a donné les raisons pour lesquelles il n’a pas porté plainte contre Hadja Halimatou Dalein Diallo, épouse du chef de file de l’opposition guinéenne, par rapport à l’enregistrement sonore qui circule, depuis un certain temps sur les réseaux sociaux, contrairement aux autres personnes poursuivies par sa structure pour des faits presque identiques.

Guinée7.com : Pour votre crédit, est-ce que le Balai Citoyen doit continuer à faire des rapports des manifestions, dès lors que lui-même organise des manifestations ?

Sékou Koundouno : Je suis désolé de vous apprendre qu’au sein du Balai Citoyen, il y a une équipe qui a été formée et outillée par le Système des Nations Unies, qui ne fait rien sauf la veille citoyenne, et ça je puis vous le dire et vous rassurez que le Balai Citoyen est composé d’une centaine d’organisations et certains ont la spécialité d’observer les manifestations. A l’instant où je parle, les gens sont en train de recueillir les données sur le terrain, suivent la ville morte de l’opposition. Donc, ça n’impacte aucunement pas le droit de manifester, qui est un droit constitutionnel pour le Balai Citoyen. Comment voulez-vous, quand nos intérêts sont menacés, on reste dans nos bureaux et qu’on s’en serve. Cela ne remet pas mais plutôt je vous renvoie la question, c’est de lire de façon très professionnelle nos rapports et que vous en tiriez les conclusions. Est-ce que le Balai Citoyen dans ces rapports, essaye de protéger X ou Y ? La réponse est non, parce que nous parlons des dérives que l’opposition fait, nous parlons des dérives des manifestants, des dérives des gouvernants et les forces de l’ordre. Donc, les rapports ne peuvent souffrir d’une contestation, dans la mesure où ils décrivent parfaitement l’angle citoyen dans lequel les manifestations se sont produites.

Le Balai Citoyen ne portera pas plainte contre Hadja Halimatou Dalein Diallo, mais condamne « la gravité des propos »

Pourquoi le Balai Citoyen ne porte pas plainte contre Hadja Halimatou Dalein pour l’enregistrement sonore qui circule sur la toile, et par le passé vous avez porté plainte contre Ousmane Kaba ?

Comparaison n’est pas raison (…) Le Balai Citoyen a mis en place, en février 2015, une cellule de veille de 50 jeunes ; ces jeunes ont pour rôle de veiller sur les médias et sur les réseaux sociaux, afin de détecter le moindre dérapage, pour qu’on puisse rédiger des avertissements, des plaintes, contre ces personnes, à travers la facilité du ministère de la Justice, via la direction nationale de la DPJ. Ce travail se fait en permanence, mais aussi il faudrait que vous compreniez que nous avons des termes de référence très clairs. Le Balai Citoyen ne s’occupe que des publications, que des agissements sur les medias et réseaux sociaux qui ont un caractère public et qui peuvent impacter sur la paix, la cohésion, et la violence. Si vous prenez le cas de Hadji Halimatou Dalein Diallo, les propos tenus par la dame au téléphone, avec un autre interlocuteur au bout, sont des propos très graves, sont des propos incitatifs à la violence et il n’y a pas matière à polémiquer. Quand vous prenez les propos de Dr Ousmane Kaba, dont vous avez fait allusion, c’est une situation qui a été faite via un media qu’on appelle Milo FM. Et n’oubliez pas aussi que le même mis en cause, Dr Ousmane Kaba, avait tenu les mêmes propos, comme ça, dans une réunion à son domicile, mais qui était secrète et qui ne nous a pas intéressés.

Dès lors qu’un propos n’est pas tenu sur les medias, n’est pas tenu sur un réseau social et que les gens ont un téléphone, ils les espionnent, les mettent sous écoute, que nous, nous traitons à notre niveau, des cas isolés, on ne peut en aucun moment poursuivre ces gens-là. Parce que des milliers de cas comme ça existent à Conakry, mais l’intérêt pour nous, c’est quoi ? C’est situation qui  n’impacte pas la paix, la cohésion, parce que l’intéressé dit entre son interlocuteur et nous sommes 12 millions de Guinéens…

(…) A analyser le fond sonore, on sent bel et bien un espionnage là-dessus. Quelqu’un aurait mis la dame sous écoute, quelqu’un aurait dû usurper le fond sonore et le mettre sur la place publique. C’est pourquoi, hier, j’ai été très clair et ferme sur là-dessus ; nous, nous ne sont pas dans les polémiques et on n’a pas de temps pour ça, c’est de l’espionnage et le Balai Citoyen s’est contenté du communiqué de presse n° 24, qui décrit nos orientations, dans lesquelles la cellule de veille doit agir.

Justement, là les propos sont graves et une personne s’est permise de mettre ça sur la place publique, est-ce que votre structure ne va pas essayer de retrouver cette personne ?

Je comprends votre inquiétude ; en toute honnêteté, ce que nous pouvons faire peut-être, mais les moyens sont limités, nous ne sommes pas l’Etat, nous ne sommes pas l’Autorité de régulation des postes et télécommunication, nous ne sommes pas la DPJ, le ministère de la Justice, mais je puis vous rassurer déjà qu’à travers le cabinet de Me Traoré, le bâtonnier, le cabinet de Me Béavogui et le cabinet de Me Pépé Lamah, nous sommes en train de travailler pour que les activités que nous avons faites en 2018, que nous puissions les perfectionner en 2019.  Mais en toute honnêteté, se référant à ce communiqué, se référant à nos actions, le domaine de compétence ne sied pas ; elle ne peut à aucun moment être poursuivie. Mais nous condamnons les propos. Nous, nous s’insurgerons contre ces propos qui semblent très irrespectueux et irresponsables, d’ailleurs je m’en réjouis, tantôt on dit qu’il est proche de la mouvance, tantôt on dit il est proche de l’opposition, et je me sens bien dans cette position.

Justement à ce niveau, comme vous n’avez pas porté plainte contre Hadja Halimatou, vos détracteurs disent que vous roulé pour l’UFDG ?

Je suis désolé, à date, je vais vous communiquer la réponse à partir de vendredi. Il y a sept (7) communicants de l’UFDG qui se feront juger bientôt. Qu’est-ce que vous en dite ? Il y a huit (8) du RPG qui seront jugés bientôt. Qu’est-ce que vous en dites ? Donc, je veux un peu qu’il y ait un minimum de respect et de sérieux. Ça fait 14 jours, je suis dans ce bureau, sans rentrer chez moi… Je ne parle pas aux Guinéens qui passent la nuit derrière leurs femmes et leurs smartphones. Je n’ai pas le temps pour les répondre.

Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com

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