Censure

Présenter des présumés coupables à la presse, ‘‘c’est une violation grave, non seulement du droit d’image, mais aussi du principe sacré de la présomption d’innocence’’, dénonce une association d’avocats guinéens

“Regard sur l’actualité des droits de l’homme“, est le thème d’une conférence organisée mercredi 5 juillet par l’Association des jeunes avocats de Guinée (AJAG), dans la salle Mohamed Koula Diallo, de la maison de la presse de Conakry.

Au cours de cette conférence, l’AJAG a révélé ses ambitions qui sont entre autres: Instituer des permanences juridiques au niveau de certaines structures de police, de gendarmerie, des cours et des tribunaux, pour assister les personnes vulnérables ; œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie en milieu carcéral, par la mise en place des conditions devant favoriser la réintégration sociale des détenues ; jouer un rôle de gardien des libertés individuelles et collectives en dénonçant tous les cas de violations graves des droits de l’homme ; organiser en collaboration avec le barreau, de la journée de l’avocat qui se traduira par l’organisation tournante dans toutes les villes du pays, de manifestations juridiques (journée de consultation ou d’assistance judiciaire gratuite, concours de plaidoirie).

Me Pépé Antoine Lama, avocat et chargé de communication de l’Association a déclaré à la sortie de cette conférence qu’‘‘aujourd’hui l’AJAG déplore la violation grave des droits de l’homme, qui se passe sous le regard silencieux des autorités judiciaires. J’ai cité le cas de la communication des services de police et de gendarmerie. Vous entendez souvent dans les médias, que telle personne a été interpellée pour telle raison et vous la présentez à la presse à visage découvert, c’est une violation grave, non seulement du droit d’image, mais aussi du principe sacré de la présomption d’innocence. Lorsqu’une personne est déjà présentée à la presse comme coupable d’une infraction qu’on lui reproche, quelque soit l’issue de la procédure et surtout si cela tourne en sa faveur, cela pourra provoquer l’ire de la population. C’est pourquoi nous nous insurgeons contre cette pratique et nous demandons à ce que l’article 8 du code de procédure pénale soit respecté. C’est cette disposition légale qui donne exclusivement le droit au procureur de la République de communiquer sur les dossiers en information, ou qui font l’objet d’enquête préliminaire ; donc en se substituant au procureur de la République, les officiers de police judiciaire qui le font usent et abusent du pouvoir qui est dévolu à ce dernier. Nous nous insurgeons également contre cette vindicte populaire, qui n’épargne personne aujourd’hui, nous avons parlé du jeune Oularé qui a été lynché à Lambangni, ce sont des pratiques qui doivent interpeller des autorités, pour donner les moyens à la justice pour être efficace et nourrir la confiance que la population doit placer en elle. “

Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com

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