Pendant qu’ils étaient membres de gouvernement sous le régime de Lansana Conté ; Cellou Dalein Diallo, leader de l’UFDG, et Sidya Touré, leader de l’UFR, ont « racheté » des biens immobiliers de l’Etat. Sidya Touré s’est confortablement installé dans un domaine appartenant à un orchestre national et Cellou Dalein, s’est casé dans un bâtiment public occupé précédemment par un ancien ministre. Si de nombreux Guinéens pensent que les deux leaders ont profité de leurs positions pour s’accaparer des biens de l’Etat, en payant une bouchée de pain, les accusés et leurs partisans disent avoir suivi les démarches administratives pour privatiser des biens publics. Dans cette logique, ils crient à une sorte de cabale politique ourdie par… Alpha Condé.
Il est vrai que la création, récente, par le président guinéen, d’une commission destinée à « répertorier les biens immobiliers issus du contentieux franco-guinéen » risque de réveiller les morts. Est-ce le premier acte vers l’expropriation des villas de Dixinn (Cellou Dalein) et de la Minière (Sidya Touré) ? Les esprits retors ont du pain sur la planche !
En tout cas, dans une tribune diffusée dans la presse, le chargé de la communication du parti de Sidya Touré, le sieur Ahmed Tidiane Sylla, pour ne pas le nommer, estime qu’Alpha Condé au lieu de s’occuper de la lutte contre le Covid 19 qu’il aurait, selon lui, banalisée, ouvre des « fronts inutiles » !
L’avocat (in)opportun de Monsieur Touré, réagissant visiblement par procuration, soutient sa thèse, droit dans ses bottes sonorisées à la musique du Horoya Band. Et tout y passe, même les arguments les plus loufoques ! « Alors que les Chefs d’Etats et de gouvernements du monde semblent être préoccupés par l’éradication de la pandémie du Covid-19, Alpha Condé lui, reste dans son registre classique d’opposant: l’opposant contre l’opposition. C’est en effet le seul métier que l’homme a pratiqué pendant ses 40 ans de vie politique. Dans un décret lu à la télévision nationale, il continue sa vendetta contre les opposants à son régime par toutes les manières possibles et imaginables. Un acte par lequel il crée une commission pour répertorier les biens immobiliers issus du contentieux franco-guinéen. Ce qui, pour bon nombre d’observateurs avertis, n’est autre qu’une façon de s’en prendre à Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo qui, selon lui, habitent sur des domaines de l’Etat. Son seul souci serait donc de les y déloger. Ce qui serait une victoire héroïque aux yeux de l’actuel locataire de Sekhoutoureya. Une autre énergie gaspillée alors que la crise sanitaire devient de plus en plus aigüe ». Fermons les yeux sur les détails relatifs au style d’écriture qui donne à la fois la migraine et une idée du genre d’avocat prompt à monter sur ses grands chevaux pour s’emparer de problèmes hors de portée de son niveau en grammaire et syntaxe !
A l’évidence, il y a panique à bord. Et Sidya ne veut apparemment pas couler seul. « Quand Alpha Condé exprime sa volonté de récupérer les domaines publics de d’Etat, les Guinéens qui ne sont pas amnésiques pensent tout de suite aux domaines bradés depuis son arrivée en 2010. Domaines dont des seigneurs et ténors de son pouvoir se sont partagés et vendus à vil prix à des étrangers. C’est entre autres le cas: des domaines publics maritimes. Des domaines en bordure de mer illégalement récupérés par certains nationaux, d’autres vendus à des étrangers au vu et au su de tous à des fins de constructions d’hôtels, de maisons de luxes et autres, tout en privant des populations riveraines de Conakry de vues maritimes et d’autres avantages des bordures de mer. C’est depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir que Conakry compte de moins en moins de plages publiques ». La totale quoi !
Et ce n’est pas tout. « Il y a les domaines de Conteyah dans la Commune de Rotama où des propriétés foncières de l’Etat ont été déchiquetées et partagées entre les barons du pouvoir: des ministres, directeurs généraux, DAAF, amis et épouses. Ces personnes ont tous trouvé leurs parts lors d’une foire de partage. C’est sans oublier les bâtiments du quartier de la Minière distribués entre copains et coquins avec des baux de 100 ans comme des butins de guerre. Ainsi, d’aucuns ont bâti aujourd’hui des immeubles à usages commerciaux sur ces terrains publics. Tant pis pour l’Etat ! Il s’agit de biens immobiliers à récupérer et à reverser dans le patrimoine de l’Etat », se défend benoîtement le chargé de Com de l’UFR.
En résumé, le camp de Sidya veut faire de deux torts une raison. Justifier une forfaiture par une autre forfaiture, rien de plus « intelligent » ! Que le patrimoine public soit « dilapidé » actuellement comme il le dénonce, devrait lui servir de gage d’immunité au fait qu’il a profité de sa position pour se faire un domaine de l’Etat. Rien que ça ! On sent bien que dans son délire paranoïaque, l’avocaillon n’a pas intégré ce conseil d’un chef d’Etat africain, à l’époque opposant à l’humour épicé, qui disait ceci : « quand vous acceptez de l’argent (de la corruption), prenez de ‘‘l’argent mort’’. N’acceptez même pas de le prendre dans le coma car les problèmes qui découlent de son acquisition peuvent toujours se réveiller !»
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com