Censure

Riposte contre le virus Ebola : La Guinée invitée à mieux faire

Dr David Nabarro, Coordonnateur Principal du Système des Nations Unies pour la maladie à virus Ebola a mis son séjour à profit à Conakry, pour inviter les autorités à ne pas baisser la garde dans la lutte contre  la fièvre hémorragique qui a fait plus de 409 victimes dans le pays, depuis qu’elle s’est déclarée en mars dernier. Cette recommandation vient à point nommé, quand on sait que la gestion de cette crise sanitaire relative au virus Ebola est qualifiée de ‘’laxiste’’ par maints observateurs, vu qu’on est encore  loin de venir à bout des réticences aux interventions des agents de santé dans la partie sud du pays, épicentre de la maladie.

La visite de travail  du  Coordonnateur Principal du Système des Nations Unies pour la maladie à virus Ebola du 25 au 27 août  dans la capitale guinéenne a coïncidé à une montée de la tension dans le sud est du pays, où Pascal Kémo Dembadouno, le préfet de  Macenta, préfecture frontalière du Liberia,  et  les membres de la mission médicale qui l’accompagnaient dans une tournée de sensibilisation  ont été  pris en otage lundi,  dans la localité de Fassankony. Il  a fallu l’intervention des forces de sécurité pour extirper le préfet et sa suite des griffes de leurs ravisseurs, dans cette localité où la fièvre hémorragique a fait  5 morts dans la seule journée du lundi. Alors que  12 malades et de nombreux contacts ont été également identifiés le même jour dans cette  bourgade située non loin du Liberia, où le virus continue de se propager de manière inquiétante, faute de réponse appropriée dans le plan de riposte mise en place par Monrovia.

Cette prise d’otages est une preuve des difficultés que rencontrent les équipes médicales déployées dans la région forestière, où la réticence  aux interventions  dans certaines  localités persiste. A ce jour, la sous-préfecture de Koyama située dans la  préfecture de Macenta, la préfecture de  Yomou et la localité de Sandja dans Wendekèma, dans la préfecture de Guéckédou n’admettent aucune présence d’agents chargés d’administrer des soins dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola.  Les autorités administratives de ces préfectures tentent de  négocier  avec les populations locales, mais en vain, selon une source gouvernementale.

Les villageois accusent en effet les équipes médicales engagées dans le cadre de la riposte contre la maladie, d’être de simples empoisonneurs. Pour eux, toute personne admise dans le centre de traitement de la fièvre Ebola ouvert à Gueckedou n’en ressortirait plus. D’autant que les autorités médicales ne manquent pas de souligner dans leur campagne de sensibilisation que la maladie n’a pas encore de remède.  De quoi entretenir la psychose chez ces populations du monde rural, qui pensent que la seule manière de sauver leurs proches ayant contracté le virus, est de les soigner à l’indigénat.

La situation préoccupe les partenaires  de la Guinée, à savoir l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières (MSF). Car, il ya environ trois mois, MSF avait dû fermer un centre de transit ouvert à Macenta, après une attaque des installations par des groupes de personne qui étaient venus en extraire les malades.

A propos de cette nouvelle recrudescence de l’épidémie dans le pays, Dr Sakoba Kéita,  chef de division prévention et lutte contre la maladie au ministère de la Santé et de l’hygiène publique attribue cela   à la venue, notamment  à Macenta, de malades en provenance du Liberia  voisin où l’épidémie s’est fortement répandue ces dernières semaines.

Dr Kéita déplore que ‘’des malades continuent de se cacher pour venir jusque dans la capitale’’.  Il exhorte les Guinéens à d’énormes sacrifices, afin que la courbe de contamination soit revue à la  baisse à partir du début du mois de septembre.

Pour cela, il faudrait que les malades soient acheminés dans des centres spécialisés pour y être soignés à temps.

C’est dans ce climat tendu  dans le sud de la Guinée, entre  les équipes médicales et les populations autochtones, que Dr David Nabarro, le Coordonnateur Principal du Système des Nations Unies pour la maladie à virus Ebola, a effectué une  visite de travail dans la capitale guinéenne. Durant son séjour, Dr Nabarro  a indiqué au cours d’une conférence que la lutte contre le virus doit reposer sur une ‘’mobilisation générale’’, seul moyen pour  rompre la chaîne de contamination.

Le Coordonnateur Principal du Système des Nations Unies pour la maladie à virus Ebola a indiqué  que la communauté internationale ne ménagera aucun effort  pour aider la Guinée à mener à bien  son plan de riposte contre la maladie. Il a appelé à une synergie d’actions entre les différents acteurs impliqués dans le processus de riposte contre la maladie.

Il conviendrait de noter qu’une fois à Conakry, dans la soirée  du lundi où il est arrivé à bord d’un avion spécial humanitaire du Programme Alimentaire Mondial (PAM) en  provenance du Liberia, Dr Nabarro s’est attelé à sa mission, qui consiste à glaner suffisamment d’informations sur l’évolution de la situation épidémiologique en Guinée. C’est  ainsi   qu’il a eu une première séance de travail avec la Coordonnatrice Résidente du  Système des Nations Unies et Coordonnatrice Humanitaire, les Agences Résidentes du SNU et les partenaires humanitaires clés impliqués dans la riposte contre l’épidémie de la fièvre Ebola.

L’objectif de cette première séance de travail était ‘’de faire un aperçu global de l’évolution de l’épidémie en Guinée’’.

Au cours de leur réunion, la communauté humanitaire et le Coordonnateur Spécial des Nations Unies pour la maladie à virus Ebola se sont accordés sur ‘’la nécessité de renforcer le leadership des gouvernements des trois (3) pays dans la conduite du plan de riposte et d’une coordination régionale des opérations humanitaires.’’

Ils ont également convenu de l’urgence de ‘’doter les pays touchés de plus de centres de traitements et de renforcer la surveillance épidémiologique ainsi que le suivi des contacts sur le terrain.’’

De quoi rassurer ces pays confrontés à d’énormes difficultés à faire face à cette fièvre foudroyante, dont les conséquences affectent surtout l’économie de la sous région.

Pour ce qui est de la possibilité d’éradiquer la maladie, Dr Nabarro planche sur 6 mois. Mais tout en appelant à un énorme travail et à la vigilance. «En ce moment je trouve que cette épidémie, c’est fort ! C’est devant nous, nous sommes derrière mais c’est possible de la vaincre. Mais pour çà, il faut augmenter le travail de contrôle et vite », a-t-il souligné.

Il  revient donc  à ces pays de multiplier les efforts pour rompre la chaîne de contamination. Et cela ne peut se faire dans le ‘’laxisme’’, comme c’est le cas en ce moment en Guinée, où les autorités peinent à appliquer les mesures d’urgence sanitaire déclarée par le président Condé, il y a environ une dizaine de jours.

In L’Indépendant, partenaire de guinee7.com

 

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