Censure

Secteur de la Pêche : Un expert interpelle le ministre André Loua

Le Ministère en charge de la Pêche a fait une communication, à travers la presse dont le Lynx No 1261 de la semaine, je relève des incohérences tant dans le texte que sur le tableau présenté.

Pour commencer, je fais remarquer à ce Département que la principale préoccupation de l’Etat, voire de la Banque Mondiale car elle citée, est de porter régulièrement à la connaissance du public la situation de la gestion des ressources halieutiques et non simplement celle des licences.

Qui dit Pêches dit Produits de Pêches.

C’est ça la ligne directrice d’une bonne lettre de mission à remettre à un Ministre.

On ne développe pas, on n’a jamais développé, la pêche en ne faisant que de la simple vente de licences de pêche, en lieu et place de la vente de produits de pêche.

Ce n’est pas en vendant des licences que le voisin Sénégalais perçoit 200 Millions de dollars en moyenne annuelle depuis plus de 15 ans.

Dans votre tableau vous dites avoir vendu 82 licences à 82 bateaux (que votre texte corrige en précisant plutôt 45 + 2 bateaux).

Ceci au bénéfice de 8 Sociétés.

Avez-vous demandé à ces Sociétés le nombre total des captures effectuées par ces 47 bateaux dans nos eaux ?

Si oui ! publiez-les et présentez aussi le montant total dont vous pouvez vous prévaloir d’avoir pu faire bénéficier l’Etat ou l’économie Guinéenne en général, à l’issue de la vente de ces produits de pêche, comme vous le faites si bien pour la vente de licences de pêche.

C’est certainement impossible, puisque qu’aucune de ces Sociétés, je dis bien aucune de ces Sociétés bénéficiaires de vos licences, ne possède ou mieux n’est propriétaire d’un seul bateau parmi les 47 alignés.

En Guinée, il n’y a qu’une seule Société qui est propriétaire de 5 bateaux qui ne pêchent que du poisson pélagique, c’est Sonit-Sarl qui soit noté en passant n’est plus Sonit-pêche par l’enseigne de ses murs.

Les autres Thiangui, Djoliba pêche, Josemar, etc.., ne sont propriétaires ni d’une pirogue ni d’une canne à pêche en Guinée.

Je fais remarquer au Ministère en charge de la pêche, que apporter directement au trésor public 3,5 Millions de dollars ( l’équivalent environ de ces fameux 32,6 Milliards de francs Guinéens) par la vente de 82 licences n’est ni un exploit mais participe de cette néfaste stratégie d’exploitation de nos ressources halieutiques.

Vous perpétuez cette politique de rente qui a prévalu depuis plus de 25 ans.

Vous dégradés ainsi les ressources.

Pour preuve, prenez le Plan de pêche élaboré par le Centre de Recherches de Boussoura et le Centre de Surveillance CNSP de l’année 2006 et celui de 2016.

En seulement dix ans, nos ressources halieutiques sont passées d’un potentiel exploitable annuel de 245 000 T à 112 000 T.

Voici les conséquences de notre stratégie ou politique de développement de nos pêcheries.

Dans ce potentiel actuel, nous ne disposons plus que de 32 000 T de produits à hautes valeurs commerciale.

Les 80 000 T restants n’étant constituées que d’espèces pélagiques, chinchard et sardinelle essentiellement.

Arrêtons de vendre des licences à des navires tiers en ce qui concerne les 32 000 T d’espèces démersales.

Réservons cela uniquement à la pêche artisanale motorisée et aux petits bateaux artisans de 12 à 18 mètres et 300 à 400 CV.

Parlons produits de pêche et pas seulement licences de pêche.

Car l’économie maritime c’est aussi et le carburant vendu aux Armements, les manutentions portuaires, les transports frigorifiques, les entrepôts frigorifiques, l’énergie électrique consommée, etc.

Je parlerai la semaine prochaine de la pêche INN (Illicite, Non Déclarée, Non Réglementée) et de la Commission de l’Union Européenne.

L'indépendant

Chérif DIALLO 

Consultant Pêches 

Ex Directeur Général de la Société Mixte Guinéo-Francaise NOUVELLE SOGUIPECHE. 

 

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