Censure

Tous morts dans la nuit du mardi dernier sur le chemin de l’immigration en Europe

Dans la nuit du mardi 25 Octobre à mercredi, plus d’une dizaine de jeunes guinéens ont trouvé la mort dans les eaux de la Méditerranée pendant qu’ils voulaient rallier l’Italie. Ils sont nombreux ceux qui viennent de Kankankoura, un quartier situé derrière le camp Alpha Yaya, à Yimbayah Tannerie, commune de Matoto.

Sidiki Fofana travaillait à EDG

D’après le témoignage d’Aicha Diakité, mère du jeune Adama Traoré, élève, 10 ème année, 20 ans, elle a cessé de communiquer avec son fils trois jours avant le drame : «La dernière fois qu’on s’est vu c’est quand il est venu prendre une somme de douze millions pour aller gérer les ouvriers qui sont sur le chantier de son oncle à Gomboyah. C’est ainsi qu’il a profité d’y aller. Ni son papa ni moi aucun membre de la famille n’a été informé de son départ. Sinon il ne serait jamais parti en Libye. Moi, c’est la semaine dernière qu’il m’a appelé de lui envoyer trois millions parce qu’il souffrait et qu’il voulait venir. Je lui ai envoyé l’argent dans l’espoir de le revoir. Quelques jours après, il m’appelle à nouveau qu’il a besoin de 50 Dollars pour se trouver à manger et je lui ai envoyé parce qu’il m’a dit qu’il était en route pour la maison et qu’il n’avait rien comme argent de poche. C’est trois jours après (mercredi 26, ndrl) qu’on est venu annoncer à son papa, qui revenait d’un voyage, que Adama a trouvé la mort dans l’eau sur les côtes libyennes.»

Dans un échange, M. Sampil, tuteur du jeune Sidiki Fofana, agent de EDG, l’une des victimes, nous explique: «Il a loué sa chambre à quelqu’un avec qui il a eu un peu d’argent en lui revendant tous ses biens ainsi que son matelas. Sinon, il se débrouillait bien à EDG où il gagnait le prix de son petit pain. Mais généralement, ces jeunes sont encouragés par leurs amis et ils ne disent rien aux parents au risque d’être dissuadés. C’est ce mercredi soir que ses amis sont venus m’annoncer sa mort en me disant que leur bateau a chaviré dans les eaux de la Méditerrané à partir de la Libye.»

La famille Kaba a perdu au total 12 membres

La famille Kaba est la plus endeuillée. Elle a perdu au total 12 membres, d’après Baba Kaba, frère ainé de deux victimes, Mamady Kaba, élève de la 12 ème année à CDLEX et Mamady Tiguidanké Kaba, enseignant dans une école privée. «Nous avons perdu 12 membres de notre famille. 10 personnes ont quitté BANKALAN (dans Kankan, ndlr) pour rejoindre la Libye. Aussi, deux de mes frères avec qui je partageais le même toit sont partis sans nous informer. Malheureusement, aucun d’entre eux n’a eu la chance de rejoindre l’Italie. Ils sont toujours attirés par leurs frères qui sont aujourd’hui en Italie qui ne les expliquent pas les conditions dans desquelles ils sont allés. Donc, c’est difficile de vous dire vous combien de fois ces enfants ne sont pas intelligents», lance-t-il cachant mal son amertume.

Nous avons voulu nous entretenir avec la famille du jeune Abdoulaye Diané, une des victimes, mais malheureusement la personne censée répondre à nos questions était sous le choc.

D’après nos enquêtes, ces jeunes payent 15 millions GNF à un réseau de passeurs installé à Conakry dont les représentants sont situés entre Niamey et la Libye. Une fois l’argent payé, ils sont embarqués à Conakry pour Bamako. Puis à Niamey d’où ils sont conduits à Agadès pour rejoindre Tripoli (Libye). D’ici, ils vont vers Shaba où ils empruntent les bateaux de fortune pour les côtes italiennes.

Ismael Sylla pour Guinee7.com

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