L’affaire dans laquelle Cheik Ahmed Fofana alias Sheik Affan, est poursuivi par le journaliste Mohamed Mara pour des faits de « menace de mort, diffamation, injures et diffusion des données portant atteinte à la dignité humaine », s’est encore tenue au tribunal de première instance de Mafanco ce lundi 8 mars.
Pour cette audience, il a été question de la réquisition du parquet et des plaidoiries des différentes parties.
A rappeler que le prévenu lors de l’audience du 25 février 2020, avait affirmé à la barre : « Mohamed Mara a été le premier à m’attaquer dans leur émission les Grandes gueules “GG” en me traitant d’ethnocentriste, régionaliste. C’est pourquoi j’ai fait une publication sur Facebook pour dire de s’attendre à ma réplique. Je ne l’ai nullement menacé de mort. C’était juste de la légitime défense que j’ai faite.»
Au compte des plaidoiries, l’avocat de la partie civile, Me Pépé Antoine Lamah s’est attelé à prouver les délits reprochés au prévenu.
Pour preuves de ce dont il accuse le prévenu, l’avocat a lu des propos tiré selon lui des « posts » Facebook du 4 novembre 2019. Des propos qu’il a jugés « injurieux, diffamants…»
Pour prouver le délit de menace de mort, l’avocat a fait état d’un post où il est dit : « (…) prépare toi, parce que tu vas affronter le diable, prépare toi, parce que tu vas affronter la mort.» Tandis que pour la diffamation, il a aussi fait lecture des propos du prévenu, dans lesquels il a désigné certains journalistes de la radio Espace Fm comme des « vendus ».
l’apôtre de la haine et de l’ethnocentrisme
En signalant que ce comportement de Sheik Affan « mérite une sévère correction », il a invité le tribunal à condamner Sheik Affan au payement de 200 millions de francs à titre de dommage et intérêt pour le préjudice subi. 70 millions pour les frais irrépétibles et à la publication de la décision au journal officiel de la République aux frais du prévenu.
Me Alpha Yaya Dramé, aussi avocat de la partie civile a abondé dans le même sens, en désignant le prévenu comme « l’apôtre de la haine et de l’ethnocentrisme ».
Dans ses réquisitions, la procureure Josephine Loly Tinkiano, a estimé ne pas vouloir entrer dans les considérations ethniques ou régionalistes. Elle a reconnu que le prévenu « via Facebook a tenu des propos de nature à porter atteinte à la dignité de monsieur Mohamed Mara », cela en se référant aux propos versés au dossier de la procédure.
Elle a ajouté aussi que « c’est par méconnaissance des textes de loi que les gens ont tendance à commettre les infractions » via les réseaux sociaux.
Par ce fait, elle a demandé au tribunal de constater que les faits étant établis, de condamner Sheik Affan à un an d’emprisonnement assorti de sursis.
propos «impersonnels»
Pour contrecarrer ses adversaires, Me Lancinet Sylla, avocat de la défense, quant à lui, a passé plusieurs minutes à démonter les accusations. Il a fait observer que ce procès n’est pas le procès de «l’ethnocentrisme». Mais celui qui leur est «imposé» par Mohamed Mara, qui se croit être « un justicier ». Il a soutenu que le fait que son client dise « prépare-toi » ne veut pas « forcément dire prépare toi à mourir ». Mais aussi que « Mohamed Mara en veut à Sheik Affan pour autre chose ». Il a martelé que Sheik Affan « n’a jamais attaqué directement Mohamed Mara ». Qu’il s’agit de propos «impersonnels». Pour ce fait, il a demandé au juge de renvoyer son client des fins de la poursuite et de condamner Mohamed Mara au paiement de 1 milliard de francs guinéens au titre des préjudices causés.
Enfin, questionné sur son dernier mot, Sheik Affan a indiqué ne pas reconnaître les faits: « je ne suis contre personne. Dans notre ONG, il y a des Soussous, des Peuls, des Malinké…, Par le biais de cette radio (Espace Fm ndlr), je suis détesté par beaucoup de personnes aujourd’hui.»
Enfin le président du tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le 12 avril prochain.
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com