Censure

Vendetta à Pita (attention, image choquante)

Dans la journée du samedi 14 décembre, un jeune âgé d’une vingtaine d’années a été lynché et brûlé vif  par une foule en colère dans la commune urbaine de Pita. La victime est soupçonnée d’avoir participé à l’assassinat d’une vieille femme il ya deux semaines à Lalya, localité située à 4 km de Pita. C’est dans cette même localité que le jeune a été arrêté.

Alpha Oumar Bah, citoyen de Pita, rencontré dans l’enceinte de l’hôpital préfectoral témoigne : ‘‘C’est les jeunes de Lalya qui ont pris des dispositions suite à l’assassinat de la vieille femme. Ils ont décidé de sécuriser leur secteur et mettre main sur tout malfrat qui y tenterait de faire de sales  besognes. Nous avons appris ces derniers temps que quand la nuit tombe, des inconnus pourchassent des citoyens paisibles et sèment la terreur. Ce matin tout Pita a appris qu’un jeune inconnu est tombé dans le filet du  comité de vigilance du coin et trainé jusqu’au centre ville ici  où il été tué brûlé. Quelqu’un m’a laissé entendre que les forces de l’ordre aussitôt informées ont débarqué  à Lalya  pour le récupérer en vain.’’

Un jeune marchand qui a sa boutique à quelques microns du lieu de lynchage semble remonté : ‘‘Tout le monde dit que c’est un bandit même si aucune ne preuve n’est établie. On dit qu’il est le meurtrier d’une personne. C’est à 13 heures qu’il a été exécuté. Ce qui est marrant dans tout ça aucun agent de sécurité n’est venu empêcher l’acte. Je pense qu’on devait le mettre en prison et le juger après pour voir en quoi il est fautif. Il aurait pu dénoncer ses complices. Les forces de l’ordre se  sont tenues à l’écart  jusqu’après l’exécution. Ils sont venus disperser la foule à coup de matraques et de gaz lacrymogène.’’

Responsable du comité de lutte contre le banditisme à Pita, Thierno Moundjiriou Bah, estime que ‘‘la foule surexcitée voulait absolument mettre fin à ses jours. C’est avec tous les problèmes du monde que le maire, ELhadj Lamrana et moi avons réussi à écarter la foule pour l’embarquer dans un véhicule personnel. Arrivé à un certain niveau, le chauffeur a paniqué estimant que les bandits vont reconnaitre son véhicule  et n’hésiteront pas à s’attaquer à sa propre famille. Il a donc fait descendre le jeune. C’est ainsi qu’ils (la foule) l’ont d’abord bastonné avant de l’amener à l’endroit qu’on appelle la ‘Devanture’. Le nombre de manifestants ne faisaient qu’accroitre il  a été impossible de le récupérer à nouveau. Notre intention c’était d’auditionner  ce jeune afin qu’il dénonce ses complices. Mais dans la foule il y avait certains membres de son groupe qui ne voulaient qu’il parle. Ils l’ont tué pour qu’il ne vende pas la mèche. Mais nous ferons tout pour faire surgir la vérité. Il parait que c’est  un bandit. Les gens ont beaucoup parlé de lui. On dit même qu’il a tué des personnes à Conakry avant de venir s’installer à Pita. Lui-même avant d’être lynché, dit avoir rencontré la vieille assassinée. Il a même dénoncé certains de ses amis qui sont actuellement en prison’’.

La foule aurait envisagé de s’attaquer à la prison civile pour sortir les deux amis du jeune-homme ‘‘les tuer avant qu’ils ne soient libérés par la justice’’. Les forces de l’ordre de la place avec l’appui de l’escadron mobile numéro 8 de Labé dirigé par le Colonel Nango Richard Fangamou s’y sont farouchement opposées. D’ailleurs selon une source proche de la gendarmerie, les deux présumés bandits ont été extraits de la prison et mis à la disposition de l’escadron de Labé pour les transférer à la maison centrale de Labé. En attendant de les mettre enfin à la disposition des services judiciaires de Mamou d’où relèverait Pita.

Alpha Ousmane Bah, envoyé spécial

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